Historique

Wintzfelden se situe sur le ban communal de Soultzmatt et tire son nom du moine Wingolt, du monastère de Lautenbach, qui défricha l'endroit. Une famille de petite noblesse portait le nom du lieu en 1255 : Adelaïde de Wingoltzwelden.
Le village était placé sous l'autorité du "Talschultheiss" de Soultzmatt mais possédait un Conseil restreint. En 1583, Jacques Ziegler faisait office de prévôt ("Schultheiss").
De la fin du XVIIIème siècle, et jusqu'en 1828, une petite mine de fer fonctionna au profit du haut-fourneau de Bitschwiller. Elle était située dans le vallon du Kaltebach, derrière Thannwiller, à environ 430 mètres d'altitude. La mauvaise qualité du minerai et surtout le prix de son transport jusqu'à Bitschwiller provoquèrent l'abandon de cette exploitation.

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Le couvent du Schwartzenthann

Le couvent de chanoines réguliers de Saint-Augustin, fondé vers 1089 à Marbach (commune d'Obermorschwihr), comprenait également un couvent de femmes. En 1117 les chanoinesses reçurent un terrain au fond du vallon de Wintzfelden et quittèrent Marbach, afin d'édifier un oratoire consacré à la Vierge en 1124, ainsi qu'un petit bâtiment conventuel. Elles restèrent cependant étroitement liées à leur couvent d'origine. 
Au cours du XIIème siècle, l'effectif des chanoinesses grandit et atteint approximativement le nombre de 40, leur cimetière ayant compté plusieurs dizaines de sépultures. 

Le couvent connut son apogée en 1154, avec la réalisation du célèbre codex Guta-Sintram, calligraphié par la chanoinesse Guta de Schwartzenthann et enluminé par le chanoine Sintram de Marbach. Cet ouvrage consitue le plus beau fleuron de l'enluminure romane en Alsace depuis la disparition de l'Hortus deliciarum de l'abbesse Herade de Landsberg, lors de l'incendie de la bibliothèque de Strasbourg en 1870. L'atelier d'enluminure du couvent produisit plusieurs manuscrits conservés dans divers musées européens. 
L'église conventuelle fut agrandie en 1214. Cependant dès le XIIIème siècle, le couvent fut soumis à des attaques dues à l'instabilité politique de l'Empire ; l'église fut réconciliée en 1280. 
En 1298, le couvent fut à nouveau dévasté par les troupes du comte de Ferrette. Des travaux furent entrepris en 1313, mais le déclin du couvent se confirma à la fin du XIVème siècle, accéléré par l'abbé de Marbach qui le vida de ses occupantes. 
De 1484 à 1533, le couvent fut partiellement occupé, bien qu'à nouveau saccagé par les paysans en 1525. Les dernières soeurs quittèrent Schwartzenthann en 1531 pour Schoenensteinbach. 

Le couvent fut racheté à l'évêque de Strasbourg en 1543 par la commune de Soultzmatt. Ses ruines servirent de carrière aux habitants du lieu jusqu'au XVIIIème siècle (choeur de l'église de Soultzmatt, chapelle du Schaefertal). 
Les ruines furent retrouvées accidentellement en 1969, en particulier un sarcophage roman et des dalles funéraires qui ont été mises à l'abri à Wintzfelden. Le soubassement de la nef de l'église a été dégagé, les bâtiments conventuels et l'hospice ont pu être situés, mais la végétation envahit à nouveau les lieux et il est impossible de tenter une description des vestiges. 
Un bénitier roman provenant du couvent, actuellement au musée d'Unterlinden à Colmar, présente un décor proche de celui de l'enfeu abritant le sarcophage qui se trouvait dans la nef de l'église.

Le couvercle du sarcophage, avec sa frise magnifiquement travaillée.

L'église Sainte-Odile

La première église de Wintzfelden était dédiée à saint Georges et n'est consacrée à sainte Odile que depuis 1862. 
Elle est citée depuis 1336 comme filiale de la paroisse de Soultzmatt. L'église a conservé une tour de la deuxième moitié du XIIème siècle et son ancien choeur (actuelle chapelle latérale) qui avait été remanié au XIVème siècle. 
Le clocher porte la date 1702 au sommet. 
En 1859 l'église était en très mauvais état et la commune décida de construire une nouvelle nef et un nouveau choeur, placés transversalement par rapport à l'ancienne nef. Cette construction fut dirigée par l'agent voyer du canton Dicker, les habitants participant au transport des matériaux. 
La date 1859 est gravée à la base de l'élévation antérieure. Des pierres provenant du couvent de Schwartzenthann, assez proche, auraient été utilisées pour ces travaux.